Rencontre avec un artiste pas ordinaire

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Il y a des vocations qui ne se contrarient pas !  Claudio Soro, originaire d’Argentine, a écouté son dessein et s’est attelé à la tâche. Il est un artiste au sens complet du terme, créatif, autodidacte et pluridisciplinaire, puisant dans chaque expérience créative l’énergie pour avancer vers la suivante. Il est de ceux dont l’élan créatif est vital.

En arrivant en France il y a 20 ans, il met un panneau à la fenêtre de son appartement « Retouches et confection de costumes pour le théâtre » et commence à travailler. Il a fait d’un besoin son métier. Lorsqu’il était comédien, sa première passion, il a avec l’aide de sa maman couturière, créé ses tenues de scène. Puis, de fil en aiguille, flairant le talent, des troupes de théâtre, lui ont demandé de créer les leurs.

Pour CLaudio, faire l’habit était une prolongation de son travail de mime. Le costume, se jouant de l’effet visuel, peut transformer un corps et le mettre au service du personnage incarné par le comédien. Puis est arrivé le moment où la décision de sortir de la lumière de la scène pour se consacrer au métier de costumier s’est imposée et depuis Claudio explore son art et l’exerce dans plusieurs domaines comme la danse, les marionnettes ou les arts du cirque.

Aujourd’hui, tout en continuant ses réalisations personnelles, il est intégré dans l’équipe d’un grand cabaret parisien et a pour mission de maintenir en bon état les tenues des danseurs et danseuses. Il répare, réajuste, consolide, raccommode les costumes pour que chaque soir sur scène la magie opère devant des spectateurs qui n’imaginent pas le nombre de petits points patiemment tirés, discrets mais solides. Dans ces métiers, tout comme le brin de folie, la patience est une vertu nécessaire au processus créatif.

La technique a aussi son importance. Comme dans la mode, il y a un designer puis un « lecteur du dessin » qui prend les décisions du volume. Souvent, il va voir le ferrier pour commander les carcasses qui vont se glisser sous les jupes et leur donner du volume ou encore le plumassier pour les coiffes et autres ornements. Les costumes doivent s’adapter aux mouvements du danseur. S’ils ne sont pas confortables, c’est pour contraindre aussi la façon de bouger de celui qui le porte. Mais pour le cabaret la fonctionnalité et le rendu priment.

La technique doit être au service des nécessités et on peut faire de 100 façons différentes. Pour l’ourlet par exemple, au théâtre on se sert beaucoup du point chausson qui permet aux deux épaisseurs de tissu de bouger sans craquer le fil, mais le point arrière peut aussi être utilisé. Ce qui est important est de faire de façon à ce que le résultat convienne et que cela soit beau. Et puis il faut connaître l’usage qui va être fait du vêtement. Lorsque le costume est éphémère, c’est l’inventivité qui compte et pas la technique. Si c’est pour un danseur de cabaret, il doit être fonctionnel et solide pour durer le temps de la revue mais aussi original pour ne pas copier des choses qui existent déjà. Bref, c’est comme un cocktail ou une formule, on mixte plusieurs ingrédients. Pour Claudio pouvoir observer les toilettes du cabaret reste toujours une émotion.

Gare à celui qui va lui dire que la mode n’est que frivolité ! Il s’indigne et cite l’exemple de la femme qui a libéré son corps du corset, des robes qui se sont raccourcies et des décolletés qui se sont approfondis marquant la féminité. Le fait que la mode ne soit pas anodine est aussi ce qu’il transmet aux jeunes qui, passant dans son atelier, apprennent à prendre le temps qu’il faut pour savoir coudre.Au rythme de l’aiguille l’ouvrage avance et celui qui opère reste concentré et médite.
En accord avec l’artiste japonaise Rieko Koga, Claudio dit que coudre est aussi un acte spirituel.

Puis d’un saut, son esprit vagabonde ailleurs et il se met à disserter sur la notion de beau. Qu’est-ce qui est beau ? Que veut dire beau ? élégant, de bon goût, esthétique, fin ? Est-ce que ce qui étrange est beau ? Il nous arrive de trouver qu’un vêtement n’est pas beau mais qu’il est intéressant. Dans ce cas on porte un autre regard sur le vêtement et ce qui est beau c’est la démarche du créateur, le développement de la matière, la recherche de nouvelles formes et de nouvelles lignes.

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