Fashion Revolution : l’éco-responsabilité de la mode avance à grands points.

Bannière réalisée par l-La fabrique idéale lors d'un atelier.

Bannière réalisée par La fabrique idéale lors d’un atelier.

Une mode responsable implique un changement profond et multilatéral tant les acteurs sont nombreux et les enjeux importants. Plus que jamais, il semble nécessaire d’ouvrir le dialogue afin que les gouvernements, associations, entreprises et citoyens travaillent ensemble pour repositionner les contextes, notamment sur la question des modèles économiques.

 Réfléchir à des solutions sur toute la chaîne de valeur pour une mode plus propre est non seulement une question urgente, mais aussi un devoir moral à l’égard des populations les plus pauvres qui sont les premières victimes.

 La Fashion Revolution qui s’est déroulée la dernière semaine d’avril dans 90 pays a été l’occasion d’une nouvelle sensibilisation sur ce sujet.

 

Un drame humain a réveillé les consciences.

 Le 24 avril 2013, un immeuble d’un faubourg de Dacca capitale du Bangladesh, abritant des ateliers de confection textile s’est effondré faisant 1135 morts et plus de 2000 blessés.

Cet immeuble, le Rana Plaza, construit sur un terrain meuble et sans permis pour ses derniers étages, n’a pas supporté les vibrations des machines à coudre.

Dans les gravats du bâtiment, des étiquettes de marques de mode internationales ont été trouvées, mettant en lumière auprès d’un large public les conséquences désastreuses de la fast fashion[1].

Depuis, la mobilisation ne faiblit pas et une forte demande se maintient pour demander aux marques d’engager de façon croissante leurs responsabilités. Les consommateurs sont de leur côté, incités à accompagner ce changement à travers leurs actes d’achat.

Rappelons que la mode qui emploie environ 75 millions de personnes dans le monde – dont 80% sont des femmes entre 18 et 35 ans – est aussi la seconde industrie la plus polluante avec des conséquences environnementales et humaines.

Rappelons aussi que la seule raison de fabriquer au Bengladesh est le bas coût de la main d’œuvre car les infrastructures restent très mauvaises.

L’urgence de maintenir une vigilance et de mettre en avant les solutions alternatives existantes n’est plus à démontrer.

 

La Fashion Revolution, qu’est-ce que c’est ?

 Depuis l’accident dramatique du Rana Plaza, un collectif international, Fashion Revolution, a été créé à l’initiative de la créatrice Carry Somers. Il rassemble une multitude d’acteurs travaillant dans la mode qui s’associent à un public plus large pour amener cette industrie vers le respect de l’environnement et la valorisation des personnes, incluant également la question d’une meilleure répartition des profits.

L’évènement éponyme de ce collectif, dont la durée est passée en quatre ans d’une journée à une semaine, permet avec la mise en place de nombreuses initiatives, de se poser les bonnes questions et de s’informer tant sur les dommages que sur les avancées.

Une attention est particulièrement portée sur la question de la transparence de la chaine de valeur.

Le hashtag,  #WhoMadeMyClothes, a largement été relayé sur les réseaux sociaux.

Une action simple et visuelle où chacun(e) a pu poster une photo d’un vêtement de sa garde-robe pour demander à la marque qui l’a confectionné d’informer clairement sur les conditions de fabrication du vêtement.

À l’inverse les marques sensibles et engagées dans des processus plus vertueux peuvent avec le hashtag, #ImadeYourClothes apporter des informations.

La ville de Paris, a été un des lieux où la semaine de sensibilisation a été très active. Conférences et tables rondes, ateliers, projection du film « The true cost[2] »… des activités et rencontres pour tous les publics et tous les goûts.

 

Le sujet de la complexité de la chaîne de valeur a été largement abordé.

Celle-ci fait intervenir un grand nombre d’acteurs à un niveau international. Cela accentue les risques et a un impact environnemental important, entre autres, avec le transport des nombreuses marchandises que nécessite la confection d’un vêtement.

L’agriculteur et la matière première qu’il fournit constituent une première étape qui a déjà ses problématiques. Le coton par exemple, utilise beaucoup d’eau ainsi que des pesticides et son cours varie en fonction des récoltes.

S’ensuivent la filature et le tissage, puis l’ennoblissement du textile dont la teinture qui demande aussi de l’eau, et de l’énergie pour la chauffer, et des colorants chimiques.

Certes la teinture naturelle se développe de plus en plus mais elle ne deviendra jamais industrielle pour préserver les plantes qui servent de colorants.

Se rajoutent toutes les fournitures annexes comme les fermetures à glissières, les boutons, les galons … pour lesquelles il faudrait dans l’idéal s’assurer de l’écoconception.

Couper et coudre les vêtements nécessite beaucoup de main-d’œuvre et certains pays se sont industrialisés avec la confection car cela génère beaucoup d’emplois.

Lorsqu’une marque fait un réassort rapide, ce n’est pas sans conséquence car cela entraine la mise en place de sous-traitance difficilement identifiable. En effet, l’usine avec laquelle elle travaille fera appel à d’autres manufactures (qui peuvent être informelles) pour répondre à la commande.

En fin de course, il y a le transport et ses camions traités chimiquement contre les insectes et la putréfaction.

Le retour au local pour contrôler la chaîne de production prend tout son sens mais demande – pour ce qui concerne la France – de redévelopper certaines industries.

Beaucoup de solutions sont évoquées : ne pas surproduire pour ne pas déstocker, travailler avec les matières premières de son périmètre, éduquer le consommateur pour qu’il patiente. Mais aussi, connaître les ateliers de confection, les visiter, s’engager avec eux pour leur fournir du travail, les payer au juste prix, c’est-à-dire, celui qui inclut une sécurité pour les travailleurs).

 

L’indispensable nécessité de l’encadrement par des lois.

 En février 2017, une loi relative au devoir de vigilance a été adoptée par l’Assemblée nationale sous l’impulsion d’une large coalition d’ONG et de syndicats, et du Collectif Ethique sur l’étiquette.

Désormais, les entreprises multinationales, donneurs d’ordres, de plus 5000 salariées en France ou plus de 10000 à l’international, ont l‘obligation, sous peine de sanction, de publier un plan de vigilance indiquant les mesures qu’elles prennent pour identifier et prévenir les risques et impacts négatifs sur l’environnement et sur les droits humains que pourrait occasionner leur activité.

Concrètement, il leur incombe de vérifier les méthodes de travail de leurs sous-traitants mais aussi d’instaurer des pratiques permettant à ces derniers de travailler dans des conditions adéquates. Cesser de faire pression sur les délais de production ou sur les prix par exemple, même si cela implique de faire le choix économique de réduire les marges.

Concrètement, cela concerne 150 multinationales françaises.
Cette loi, visant à contraindre les entreprises par la législation, si imparfaite soit-elle – car largement allégée par rapport au texte initial – doit maintenant être portée à un niveau européen et international.


Le chemin semble encore long mais des efforts sont notables pour beaucoup de marques et de nouveaux acteurs émergent. Certaines marques consacrent des budgets conséquents pour améliorer leurs chaînes d’approvisionnement, d’autres corrigent leurs processus lorsqu’un dysfonctionnement leur est signalé. Pour d’autres l’éco-responsabilité est partie prenante de leur modèle économique. Ce qui est certain est que toutes les entreprises qui font des efforts y gagnent en notoriété.

 

Quelles alternatives pour adopter un comportement d’achat plus responsable ?

 Ce qui sous-tend cette question est souvent le prix de la mode éthique qui reste élevé.

Même si l’offre est de plus en plus développée et attractive, la problématique du pouvoir d’achat est réelle. Consommer moins pour consommer plus intelligemment est une des réponses.

Une autre est de se tourner vers le local et s’intéresser aux savoir-faire. Les nouvelles marques qui arrivent sur le marché ont une l’histoire à raconter et tentent courageusement de répondre aux standards du marché (une mode trendy, une offre et un prix accessible).

Et pour les fashion addicts qui aiment changer souvent de garde robe, de nombreuses solutions alternatives existent telles que la location de vêtements, la seconde main, le recyclage, les vide dressing.

 

Les écoles ont un rôle à jouer sur plusieurs plans.

Celui de la sensibilisation et de l’information auprès des étudiants pour que ceux-ci comprennent les vrais enjeux et sachent faire la différence entre le green washing[3] et la réalité.

Mais aussi en mettant en place des formations pour apprendre aux étudiants ce qu’implique la création d’une marque de mode responsable (comment et avec qui construire sa chaîne d’approvisionnement, quels sont les moyens de vérification, comment calculer son impact environnemental ?)

 

Pour en savoir plus et rester informé :

 Fashion Revolution donne beaucoup d’informations et permet de télécharger Fashion Transparency Index 2017 regroupant les politiques, pratiques et impacts sociaux et environnementaux de 100 des plus grandes marques mondiales de mode :

Collectif éthique sur l’étiquette, un collectif pluri-acteurs qui œuvre pour le respect des droits humains au travail dans le monde et la reconnaissance du droit à l’information des consommateurs sur la qualité sociale de leurs achats : http://www.ethique-sur-etiquette.org

Campagne DETOX de Green Peace, vise à débarrasser le textile des produits toxiques : https://greenpeace.fr/tags/detox.

 

 

[1] Expression anglo-saxonne utilisée pour désigner le renouvellement, le plus rapide possible, des collections d’articles de la mode vestimentaire. Le fast fashion concerne le plus souvent des produits à prix peu élevés et qui ne sont pas destinés à être conservés d’une saison sur l’autre par l’acheteur.

Source : http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Fast-fashion

[2] https://truecostmovie.com

[3] Expression désignant un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image écologique responsable. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur de l’environnement. Source wikipedia.

Numériser son patrimoine historique permet de le conserver et de le valoriser à la hauteur des égards qu’il mérite.

Musée de Roubaix

Archives du Musée de Roubaix

Pour une entreprise, la numérisation est une action qui s’inclue, à un moment opportun, dans toute démarche de préservation du patrimoine vivant.

Pour comprendre ce que cela implique, nous avons rencontré Émeline Dodart-Gosse fondatrice de Num&Patrimoines qui accompagne les sociétés qui se lancent dans cette aventure.

Études de faisabilité, conseils dans le choix des prestataires puis si nécessaire dans un contrôle qualité, font partie intégrante de ses missions.

L’aide précieuse de cette spécialiste expérimentée qui va guider ceux qui se sentent démunis face aux nombreux choix à faire avant même de mener à bien leurs projets.

Numériser son patrimoine vivant est une protection utile, permet un accès simplifié et rapide à ses archives pour en faire un outil de communication efficient.

Concernant les marques de mode, les archives étant les gardiennes du style, la numérisation prend tout son sens.

 

MLS Conseil : Quel parcours vous a conduit jusqu’à la numérisation ?

Num&Patrimoine : Au cours de mes études en histoire de l’art médiéval, portant notamment sur les manuscrits enluminés, j’ai dû consulter beaucoup d’images. Alors qu’à cette date la numérisation en était à ses balbutiements, la base Mandragore de Gallica[1] existait et j’ai pu y trouver les éléments nécessaires à mes recherches. De là, un nouvel intérêt a surgi : mixer l’histoire de l’art et les nouvelles technologies.

Puis, le Master Pro sur la numérisation dans lequel je me suis engagée, m’a passionné et m’a permis d’accéder rapidement à un premier poste à la Bibliothèque Nationale de France en tant que chargée de numérisation.

 

MLSC : Qu’est-ce que l’on appelle la numérisation ?

N&P : Numériser signifie rendre accessible d’un point de vue numérique tous types de documents. Ainsi, ils seront consultables, pour différents usages, dans des bibliothèques virtuelles, à partir d’un ordinateur.

Techniquement les possibilités sont nombreuses. On peut évidemment numériser des documents papiers – affiches, croquis, rouleaux de papyrus -, mais également des films – micro film, ektachrome -, ou encore les plaques de verre servant à la photographie.

Concernant les objets, en complément ou en substitution d’une prise de vues en 2D, il est possible de numériser en 3D. Cette dernière option permettra de pouvoir modéliser les objets puis de les faire tourner sur son écran pour se rendre compte de leurs volumes et de leurs proportions. Un travail sur les structures pour obtenir des rendus très réalistes est alors fait.
MLSC : Pourquoi décide-t-on de numériser ?

N&P : Au départ il est important de définir l’intérêt de la numérisation. Celle-ci doit répondre à un besoin et/ou un objectif et s’encadre dans un projet.

Pourquoi dématérialiser ? La réponse la plus simple à cette question est : pour sauvegarder son patrimoine. C’est évidemment vrai et les raisons qui justifient la protection sont nombreuses.

Citons le cadre de la gestion des risques (incendie, vol, inondation, déménagement), ou le cas d’une cession ou revente de l’entreprise (un patrimoine numérisé sécurise un acquéreur). L’intérêt juridique est aussi considéré parce qu’un document numérique peut servir à prouver un savoir-faire technique ou une création. Cela permet une réponse rapide et moins couteuse si une procédure est engagée. On connaît tous le problème des copies.

Il convient aussi de prendre conscience que des archives numérisées sont facilement exploitables. Une aubaine pour les services de communication interne et externe dont les besoins sont permanents.

En terme de valorisation, monter une exposition ou faire un film sera plus rapide à partir d’images disponibles et puis partager l’histoire de l’entreprise avec ses salariés se révèle bien souvent fédérateur.

Dans tous les cas, engager un programme de numérisation demande de préparer ses fonds.  Cette première démarche est elle-même très bénéfique car elle permet d’organiser ses archives et s’interroger : qu’est-ce que j’identifie d’important dans mes archives que je veux protéger ?

 

 

MLSC : Que préconisez-vous aux entreprises qui envisagent une future numérisation ? Y-a-t-il des précautions à prendre ?

N&P : Je conseille toujours de porter attention à tout ce qui va constituer son fonds d’archives.

Rassembler les documents dans un même lieu de stockage, être vigilant à l’humidité, la lumière et les variations de température. Il est préférable d’être dans un endroit un peu trop chaud mais à température constante, qu’un hangar où les écarts vont être importants.

Enregistrer les données sur un tableur par thématique : création, commercial, publicité, presse, etc…….

Identifier ses procédés de création de produits et de fabrication et ne pas oublier de dater tous les documents.

 

MLSC : Qu’est-ce qu’une entreprise peut faire à partir ses archives numérisées ?

N&P : Le simple fait que l’on choisisse de rendre disponibles ses informations à partir de sites ou de plateformes digitales ouvre des possibilités infinies et pour une audience internationale.

Les chercheurs, historiens, étudiants auxquels l’entreprise pourrait donner un accès complet ou partiel, pourront être dans n’importe quel pays du monde. À partir de cela on peut tout imaginer !

 

MLSC : Y a-t-il un intérêt spécifique pour les entreprises du secteur textile et mode ?

N&P : Il est évident !  Les bureaux de style s’appuient sur les créations historiques de la marque pour s’en emparer et les revisiter. On peut aussi numériser des textiles.

Une nouvelle fois le gain de temps est appréciable car des images indexées correctement se trouvent vite. Dans un classeur classique, le rangement des collections se fait par saison. Avec une option dématérialisée, on va utiliser les mots clés : « robe, crêpe, 3 trous » et les réponses apparaissent, multiples. Tous les dessins de ces robes, leurs fiches techniques, une photo, la date de création, etc…… et éventuellement le produit en 3D.

 

MLSC : Prenons un cas d’école très précis, celui une entreprise de tissage qui édite beaucoup de modèles de tissus. En quoi le fait d’avoir ses textiles numérisés constitue une valeur ajoutée pour ses clients ?

N&P : Je dirais simplement pour répondre vite, mieux et plus à son client. Le gain de temps pour que les équipes de style puissent faire une proposition rapide au client est indéniable.

Il est aussi possible d’utiliser un catalogue numérique pour la prospection commerciale.

 

MLSC : Quel est le moment adéquat pour une entreprise de démarrer la numérisation de ses archives ?

N&P : Les entreprises au patrimoine historique ancien et important fonctionneront par campagnes car le travail sur le rétroactif peut être long et couteux. Mais tout est possible. Lorsque je discute avec mes clients, on évoque le minimum mais aussi le maximum. Il choisit où il met son curseur. Je le conseille sur ce que je considère comme essentiel.

Pour les entreprises plus récentes, nous sommes sur une question d’archivage électronique puisqu’elles travaillent déjà avec les solutions digitales. Dans ce cas, l’accent sera mis sur le produit fabriqué et la campagne de numérisation pourra être faite à chaque fin de saison.

Si les grands groupes du luxe mettent l’accent sur la numérisation pour toutes leurs filiales c’est qu’il y a un vrai retour sur investissement. Certes ils possèdent un budget, mais ils n’investissent pas ces sommes d’argent sans raison.

[1] Gallica est la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. En libre accès, elle regroupe des livres numérisés, des cartulaires, des revues, des photos et une collection d’enluminures. Source Wikipédia.

ForWeavers : un projet de préservation du patrimoine culturel immatériel

Alexandre Sattler-15

Préserver les identités et diversités culturelles, c’est favoriser le maintien des personnes dans leur lieu de vie, leur village, leur région ou leur pays. Cela signifie également faire reculer l’uniformisation, une des conséquences néfastes, qui s’est pourtant imposée, de la mondialisation. L’industrie de la mode, devenue extrêmement polluante[1] pour satisfaire une course excessive à la consommation, sait dans certains cas utiliser les ressources de la nature et les savoir-faire artisanaux pour protéger la planète et ses habitants. Entreprendre dans ces deux directions se concrétise par la recherche, la détection et la sauvegarde dans 24 pays du monde 36 textiles naturels aussi précieux qu’uniques.

 L’objectif de ForWeavers est la préservation du patrimoine culturel immatériel. Selon la définition de l’Unesco[2], cela comprend  « les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle,  les pratiques sociales, les rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel » . La préservation des textiles rares se range dans cette définition. En France par exemple les tapisseries d’Aubusson et les dentelles d’Alençon sont classées par l’Unesco, respectivement en 2009 et en 2010.

 Nous avons rencontré Ali Rakib, qui est à l’origine de ce projet un peu fou et qui depuis plus de 5 ans parcourt le monde pour identifier ces textiles, ceux qui les confectionnent dans le but de les proposer à la haute couture internationale. Depuis, nous savons que parfois il faut savoir suivre son destin et que tisser est aussi un acte spirituel.

 

 Pressenza Quelles sont les origines de ForWeavers ?

Ali Rakib : Au Moyen Age, des guildes[3] des différents métiers existaient regroupant ainsi les forgerons, couturiers, etc… ForWeavers peut être considéré comme une version moderne de guilde internationale des tisserands. Cette plateforme, qui va proposer à la vente des tissus d’exception, permet au tisserand qui peut être situé au fond de la jungle de Sumatra, de se consacrer uniquement à son art et son savoir-faire, le tissage. Le défi est de trouver des débouchés pour ces tissus auprès des créateurs de mode qui sont à la recherche de matériaux purs en alternative aux textiles artificiels et synthétiques. Une soie dont l’unicité est réelle, dont le toucher et le bruit sont nouveaux, crée de l’émotion chez ces créateurs attentifs à l’authenticité. ForWeavers devient le trait d’union entre les tisserands les plus isolés du monde et les créateurs les plus inspirés de France ou d’ailleurs.

 

D’où est parti ce projet et qu’est-ce qui l’a motivé ?

A.R : Enfant, lors de mes vacances d’été dans ma famille berbère du sud du Maroc, je me suis rendu compte que les jeunes générations quittaient le village au profit d’un travail en ville et qu’ils ne revenaient pas. De plus, ils posaient un regard très négatif sur leur propre culture, considérant que moudre du blé ou tisser à la main était archaïque. Le tee-shirt à la mode ou la « high-tech » avaient à l’inverse la force d’attraction de la nouveauté et d’une vie plus facile. Le risque de disparition de toute cette culture riche de chants, de savoir-faire, de dialectes, de danses, de recettes de cuisine et de rituels m’attristait profondément. Et j’ai eu vite conscience que cela touchait tous les pays du monde. Pour moi, ces identités et diversités culturelles font toute la différence entre un être humain d’un robot et méritent d’être maintenues.

J’ai pensé possible de stopper cet exode rural mû par nécessité économique en cherchant à soutenir le travail dans les villages.

J’ai tout d’abord étudié le marché du thé, qui s’est avéré compliqué et ne touchait pas tous les pays. J’ai alors choisi le textile qui est tout aussi ancien et surtout commun à tous les êtres humains.

Pour conserver les savoir-faire liés au tissage, il faut préserver les populations elles-mêmes. ForWeavers permet aux tisserands de rester dans leurs villages en répondant aux commandes qui leur sont passées. Ils tissent et ils teignent de façon naturelle avec des végétaux et de minéraux. De ces matières pures, de ces savoir-faire savamment et longuement exercés surgissent des tissus remarquables, attendus par un marché exigeant. Conscients de la nécessité d’une continuité de ce mode de vie, les anciens prolongent l’acte de tisser en transmettant leurs techniques aux plus jeunes, favorisant ainsi la communication intergénérationnelle.  Et ce qui se lègue aussi, plus subtilement, sont les histoires qui racontent les dessins des tissages.

P : Comment ForWeavers se situe-t-il par rapport aux 3 piliers du développement durable[4]  ?

A.R : Pour le début de l’aventure et afin de les protéger, nous souhaitons que tous nos partenaires tisserands restent autonomes, ce qui signifie qu’ils vendent leur production textile à d’autres clients. Il va de soi que nous veillons à ce qu’ils puissent payer l’école des enfants et avoir accès aux soins médicaux. À terme, ils pourront choisir d’être salariés de la coopérative ForWeavers qui deviendra elle-même productrice. Notre objectif n’est pas de faire de profits indécents.

Lorsqu’il s’agit de jeunes femmes qui n’ont pas pu aller à l’école, à l’inverse des garçons, apprendre à tisser est une forme d’éducation informelle car elles apprennent à compter (métrage des fils) à lire, à créer. Elles pourront devenir autonomes  dans un contexte social qui les maintient en dépendance de leurs maris ou de leur famille.

La dimension écologique peut être illustrée par un exemple simple : les arbres fruitiers tels que le bananier, le lotus, la papaye et l’ananas donnent des fruits que l’on mange, mais leurs feuilles ou leurs troncs donnent des fibres que l’on peut transformer en fils pour les tisser. Cela évite le pourrissement du tronc qui attire les moustiques porteurs de maladies.

Chine, dans la province du Yunnan, une femme dans son champ à contre jour.

Chine, dans la province du Yunnan, une femme dans son champ à contre jour.

P : Comment déniches-tu ces tisserands qui peuvent se situer dans des régions reculées ?

A.R : Je voyage depuis longtemps pour me reconnecter à la nature et cela a été l’occasion de découvrir des tisserands. Je commence toujours par discuter avec les taxis qui connaissent toute leur région, leur culture et bien souvent une personne qui fabrique du tissu. Comme c’était très chronophage, j’ai établi une cartographie à partir des centres ressources de l’Unesco, des Nations unies et d’ONG dont les employés connaissent le terrain et deviennent des relais. Au Népal par exemple, j’ai travaillé pour Handicap International. Certains de mes collègues étaient présents dans le pays depuis 20 ans, le connaissaient par cœur, parlaient 3 ou 4 dialectes différents et bien entendu étaient aussi connus de la population. De fait, ils étaient de très bon conseils pour mon sourcing.

 

P : Comment arrives-tu à comprendre les codes des autres cultures pour qu’une confiance s’instaure entre toi et tes interlocuteurs ?

A.R : Au cours de mes voyages, j’ai toujours eu l’habitude de m’immerger dans la culture locale pour la découvrir. Il est souvent bénéfique d’observer et de chercher à comprendre même si en règle générale, les habitants sont très tolérants envers les voyageurs. Il convient d’être attentif et savoir respecter par exemple, dans un village Dogon, les coins qui appartiennent aux esprits. Y mettre les pieds signifie leur porter préjudice. Les guides sont très importants car ils peuvent expliquer beaucoup de choses. Lorsque je trouve un tissu, je cherche toujours à savoir quel est son rôle dans la société. Certains tissus sont vraiment liés à l’histoire du village. Les proposer à la vente me parait inadapté car ce sont des artéfacts archéologiques qui pourraient avoir leurs places dans un musée. De plus, il m’a semblé reconnaître dans les yeux des anciens que c’est une sorte de sacrilège. Pour cela, je préfère les refuser.

À l’inverse, il arrive que j’essuie aussi un refus. En Amazonie brésilienne, je suis tombé sur un coton naturellement orange avec une fibre extrêmement longue qui permet de développer un tissu d’une grande finesse. Dans ce cas, le village a estimé qu’il vivait sans nécessité d’une quelconque assistance économique. Et bien que déçu de ne pas avoir le tissu, j’étais content qu’ils soient en capacité de le dire. D’autres fois, dans certaines cultures matriarcales, je n’ai pas eu accès aux tissages car c’est contrôlé par les femmes. L’accès n’est pas permis aux hommes, il faut l’accepter.

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P : Les différentes techniques de filage et tissage sont-elles identiques ?

A.R : Revenons aux sources et parlons technique. Beaucoup d’échanges de marchandises ont eu lieu avec la très ancienne route de la soie[5] et cela a favorisé les maillages. Historiquement, il y avait des similarités régionales sur le sens de torsion du fil. Les Occidentaux avaient l’habitude de torsader le fil de gauche à droite sous forme de Z et les Orientaux de droite à gauche sous forme de S. À partir du 15ème siècle, en Italie, on trouve des tissus avec des mélanges de fils torsadés dans un sens ou dans l’autre. Les savoir-faire se sont croisés et mêlés. On remarque aussi un lien entre l’écriture et le tissage. L’écriture asiatique est verticale en allant de haut en bas et l’écriture mésopotamienne est horizontale, de gauche à droite ou de droite à gauche. Le tissage a suivi le même cheminement, il est vertical en Asie et horizontal dans le croissant fertile. Cette théorie ne fait pas l’unanimité mais semble assez solide.

 

 P : Qu’est-ce que cette aventure raconte de toi ?

A.R : En observant mes grands-parents inquiets du devenir du patrimoine familial et de la perte probable de la langue berbère, j’ai pris conscience qu’il fallait produire un changement. Puis parcourir le monde, parfois dans des conditions extrêmes, m’a ouvert les yeux et je pense maintenant regarder l’être humain avec un œil d’anthropologue, plus compréhensif. Ma mère était brodeuse au Maroc puis en France et mon grand-père était chercheur d’eau et d’or. On peut dire que leurs histoires se perpétuent à travers ma propre recherche de pépites, mes envies d’exploration, ma passion des rencontres et des savoir-faire. Aujourd’hui après avoir exercé plusieurs métiers, j’ai la sensation d’avoir rencontré ma vocation ou mon dessein. Je sens que je suis fait pour cela et je suis très content de le vivre.

 

P : En quoi cela a-t-il modifié ta vision du monde et de l’être humain ?

A.R : C’est tout ce que je viens de raconter qui a changé ma vision du monde ! Au cours de mes périples, j’ai partagé des bouts de vie avec beaucoup de personnes et j’ai rencontré d’autres formes de bonheur, de réflexion et d’intelligence. Ma démarche scientifique et anthropologique m’a à appris de poser sur le monde un regard sans haine.

 

P : Qu’as-tu remarqué concernant la dimension spirituelle du tissage ?

A.R : Des tisserands m’en ont parlé mais ce sujet reste intime et culturel. Ce que la spiritualité signifie pour un chamane amazonien peut être très différent de notre définition. Les broderies shipibo en Amazonie ou le tissage d’orties (la ramie) en Corée sont façonnés selon des motifs chamaniques. Une tisserande française (Maïté Tanguy) avec qui je partage mes découvertes des nouveaux tissus sait lire en eux en les touchant. Un jour, elle  pose sur sa joue un tissu écru d’ortie japonaise et me témoigne qu’à cet endroit précis du textile la tisserande a eu beaucoup de souffrance, et puis plus loin sur la pièce qu’une autre a pris le relais sur le métier, puis une troisième puis de nouveau la première qui est revenue avec un autre état d’esprit.

En Inde, pour préserver et transmettre leurs techniques de tissage, cela passe par le chant. L’atelier entier chante à l’unisson. Un mot signifie un nœud, un autre indique un croisement de fil ou un changement de couleur. Selon mon point de vue, c’est quasi scientifique. Mais je sais que le tissage est une forme de méditation tout comme je le ressens pour moi avec le dessin.

 

[1] Note de l ‘auteur : traitement chimique des tissus, teintures, tannage du cuir, matières premières chimiques, transport des produits, pollution de l’eau, surproduction avec problèmes de recyclage des déchets.

[2]UNESCO signifie United Nations Educational, Scientific and cultural Organization (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. L‘UNESCO est une institution spécialisée de l’Organisation des Nations Unies. Sa mission est d’aider à la construction de la paix, lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement durable et le dialogue interculturel.

[3] Au Moyen Âge, la guilde est une association visant à procurer à ses adhérents de meilleures conditions commerciales. ». Source dictionnaire Larousse

[4] Le rapport Brundtland en 1987 définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Source : www.developpement-durable.gouv.fr

Le développement durable doit être à la fois économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. Le social doit être un objectif, l’économie un moyen et l’environnement une condition.

[5] Historiquement, on considère que la Route de la Soie a été ouverte par le général chinois Zhang Qian au IIe siècle av JC; l’empereur l’avait envoyé sceller une alliance avec les tribus situées à l’ouest du désert de Taklamakan. La Route de la Soie était un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe allant de Chang’an (actuelle Xi’an) en Chine jusqu’à Antioche en Syrie. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication. Source : http://www.edelo.net/routedelasoie/route_soie.htm.

 

Une promenade ressourçante dans un jardin de sculptures végétales

Crédit Photo Laurence Aguerre

Laurence Aguerre est une artiste qui façonne le textile avec adresse et le transforme tout en finesse en fleurs aériennes et gracieuses. Même si les techniques sont exigeantes, elle aime explorer les infinies possibilités qu’elles lui offrent.

 

 L’histoire

Son lien avec le textile date de son enfance passée dans un village assez isolé. À l’école le samedi matin, la mère d’une élève, couturière, lui apprend la broderie et le crochet. À la maison, c’est son père qui l’initie au tricot. Ces travaux d’aiguille la passionnent immédiatement et le maniement des fils et des tissus s’installe durablement dans sa vie.

C’est encore vrai plus tard, lorsque des études commerciales tout à fait conventionnelles la conduisent chez Marithé et François Girbaud, une marque connue pour avoir révolutionné le jean dans les années 1980.

Si elle y est responsable de l’administration des ventes, elle est néanmoins baignée dans l’univers foisonnant de deux amoureux des matières et des techniques innovantes[1].

Au départ, un peu brusque de cette maison, elle s’interroge : « quelle est ma priorité ? »

 

Le virage

Le textile s’impose naturellement comme le fil conducteur de la marque de bijoux qu’elle crée. Même si c’est une réussite, elle l’abandonne assez vite se sentant limitée par les contraintes techniques inhérentes à l’exercice.

Suite à son admission, ardemment souhaitée, à l’École supérieure des arts appliqués Duperré[2], elle entreprend l’apprentissage des techniques textiles, puis en seconde année elle choisit de travailler sur le thème du jardin. Ainsi naissent les premières fleurs.

Celles-ci remportent un tel succès auprès des membres du jury lors de la présentation de projet de fin de formation qu’elles sont exposées au salon « l’aiguille en fête »[3].

Depuis lors, cette matière textile, qu’elle a eu sous la main enfant et qui la suivait partout « parce qu’il ne fallait pas grand-chose », l’emmène sans cesse sur de nouveaux chemins.

Acquérir puis conserver des tissus et des fils pour un projet qui les mérite est une petite manie qui lui ouvre des champs d’expérimentation.

 

L’alchimie

Laurence Aguerre ne dessine pas ses fleurs avant de les réaliser. L’idée nichée dans sa tête est retranscrite directement dans l’ouvrage avec la liberté de se laisser guider par l’esthétique produite. Parfois quelque chose qu’elle estime imparfait voire raté donnera naissance à un autre projet.

Le toucher, la couleur, la technicité du tissu et la sensation tactile qu’il produit nourrissent son imagination.

C’est le subtil assemblage d’une idée, d’une technique et d’une ou de plusieurs matières qui feront une pièce réussie.

 

La nature et ses fleurs sont une source d’inspiration même si dans son travail elle ne cherche pas à les reproduire. C’est le regard qu’elle pose sur les végétaux qui va les sublimer.

Parfois un fil magnifique va donner naissance à une fleur, parfois c’est une technique qui va guider l’ouvrage et inviter à progresser.

« II faut prendre le temps de tester les matières et savoir observer où elles mènent » précise-t-elle.

Tisser, tresser, crocheter, enrober, teindre, faire de la dentelle sont autant de techniques au service de la création.

Certaines empruntées à un autre secteur de l’artisanat comme la vannerie s’avèrent intéressantes car elles permettent de mettre en volume.

 

Le reflet

Son travail est le reflet de sa sensibilité.

Elle a une vraie volonté de mettre de la douceur dans ses créations, celle que l’on ne retrouve pas dans le monde réel et il lui arrive de penser à l’émotion que susciteront ses fleurs chez ceux qui les contemplent.

Elle reconnaît vouloir transmettre, quelque chose qui apaise et permette de se ressourcer comme on le ferait en se promenant dans la campagne.

Lorsque ses fleurs dansent au moindre souffle d’air, cela génère une atmosphère un peu magique de calme et de tranquillité. Elles deviennent comme dans la nature, légères et en mouvement.

L’idée de la légèreté est un point qui reste constant dans son processus créatif, même si les couleurs, parfois plus soutenues, apportent de la gaité.

 

L’avenir

Hier, si elle n’avait pas le temps de broder elle avait l’impression d’avoir raté sa journée.
Aujourd’hui, ce besoin de faire est un accomplissement qui a donné une toute nouvelle dimension à sa vie et elle considère très noble de s’épanouir dans un métier manuel.

La création lui a révélé une richesse non exploitée, sagement niché dans un coin de son être et a mis en lumière des ressources insoupçonnées.

Demain, les champs d’investigations qu’elle compte bien emprunter sont infinis et lui ouvriront sans aucun doute de nouvelles

portes.

Les sculptures textiles de Laurence Aguerre seront exposées :

« Le Paris des Talents » – Hôtel de Ville de Paris – 22 Novembre -31 Décembre 2016

(exposition collective à l’occasion des 10 ans des Ateliers de Paris)

« Le Carrousel des Métiers d’Art » – Stand des Ateliers de Paris – Paris Carrousel du Louvre – 1er au 4 Décembre 2016

Vous pouvez aussi vous rendre sur le site : http://www. laurenceaguerre.paris

[1] Marithé et François Girbaud ont été les premiers à utiliser découpe laser et les soudures à ultrason.

[2] L’école Duperré est l’un établissement public pour les métiers du design, de la mode et de la création :  http://duperre.org

[3] L’aiguille en fête est un salon annuel dédié au DIY et destiné aux passionnés du fil et de l’aiguille : http://www.aiguille-en-fete.paris/fr/accueil/

De la matière à l’objet, découvrir toutes les richesses des métiers d’art

 

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L’intérêt grandissant pour les métiers alliant savoir-faire et création se confirme. En témoignent les divers évènements destinés à favoriser les rencontres entre professionnels, à faire connaître et valoriser les métiers de la main auprès d’un large public et à révéler de nouveaux talents.

Journées européennes des métiers d’arts, Paris Design Week ou encore Designers Days, les initiatives se multiplient. Elles sont présentes sous des formes diverses associant expositions, parcours, conférences, workshops, démonstrations de savoir-faire et projections de documentaires.

Le second week-end du mois d’octobre a été riche de ces manifestations en Ile-de-France avec deux premières éditions : les « Journées des savoir-faire d’Excellence » pour les dix ans du label Entreprises du Patrimoine Vivant et les journées de l’artisanat à Belleville.

Il était également possible de profiter de la treizième édition des portes ouvertes des ateliers d’artistes montreuillois et de la quatrième édition de la désormais installée biennale des métiers d’art à Pantin renommée Émergences.

Autant de moments d’échanges et de partages avec les acteurs de ces métiers qui sont toujours prêts à parler de leur art et de leurs démarches à des visiteurs friands de comprendre ce qui les anime.

Des conversations autour des sources d’inspiration, du lien entre l’artisan et la matière qu’il travaille, de la trace de sa sensibilité dans sa création, et en conséquence de l’histoire que raconte l’objet créé ou encore de ce que l’action de fabriquer révèle de soi-même ont été entendues partout où ces manifestations ont pris place.

Des tables rondes ont proposé des réponses à des questionnements :

Quelle est la rémunération juste pour les artisans d’art ?

Quelles sont les innovations dans le secteur de l’artisanat d’art ?

Quels sont les enjeux de l’artisanat au cœur de la ville ?

Qu’est-ce que le e-textile ?

Et enfin des conférences sur les nouvelles recherches autour de la teinture naturelle ou la nécessité d’un incubateur pour accompagner les jeunes marques de mode ont apporté des informations appropriées aux besoins et préoccupations actuelles de tous ceux qui travaillent dans le secteur.

Ces expositions et rencontres ont été également l’occasion de mettre en avant des métiers pour lesquels la valeur du temps compte. Le temps infini de l’apprentissage du geste et de la matière mais aussi le temps incompressible de la réalisation de l’objet.

Un temps auquel s’associent la patience, l’habileté, le soin, la préoccupation du travail bien fait et du renouvellement indispensable.

Depuis toujours les artisans d’art qui reçoivent en héritage les techniques de leurs ainés, ont su se les approprier pour avancer sur de nouveaux chemins. Inventer de nouveaux designs et tester des associations de matières singulières permet de générer des dialogues entre les matériaux et leurs créateurs.

Ces visites offrent toujours une jolie parenthèse et témoignent d’un renouveau des métiers d’art qui petit à petit reprennent leur place au cœur des villes et constituent ce que l’on appelle l’économie créative.

 

 

 

 

 

 

 

 

La Fabrique Nomade : pour une valorisation des savoir-faire des artisans migrants

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Il est de certaines rencontres comme de certains livres : elles vous impactent tant que vous voulez les partager.

La Fabrique Nomade est une idée incroyablement généreuse, utile et porteuse de sens.

L’objectif de l’association est de favoriser l’insertion professionnelle d’hommes et de femmes migrants grâce à leurs savoir-faire artisanaux.  

Bien plus que cela, son action vise à modifier le regard que nous portons sur les populations réfugiées.

Le choix d’accompagner les autres dans leur parcours de vie.

Inès Mesmar, la fondatrice de La Fabrique Nomade, a toujours été ouverte aux autres et au monde. Ethnologue de formation, elle a auparavant travaillé sur la question des réfugiés palestiniens au Liban. S’en est suivi un parcours riche d’expériences et d’expertises avant qu’elle se lance dans un nouveau défi.

Un projet qui prend sa source à partir de deux émotions. 

La première est une reconnexion avec les odeurs et les bruits de son enfance lors d’un séjour dans la médina de Tunis (Tunisie), ceux de l’artisanat.

La seconde est de découvrir que sa maman, brodeuse dans son pays d’origine, n’avait jamais exercé son métier à partir du moment où elle est arrivée en France. Cet effacement de son histoire, comme un non-dit l’a tant bouleversé qu’elle interroge autour d’elle et se rend compte que ce cas n’est pas isolé.

Elle fait le parallèle avec les réfugiés d’aujourd’hui et le projet de la fabrique nomade s’impose comme une évidence.

Détecter les savoir-faire et ceux qui les exercent.

La quête des précieux talents a alors commencé. Où les trouver ? Lesquels sont réellement présents ? Ceux qui les détiennent auront-ils envie de les exercer à nouveau ?

À leur arrivée en France, les migrants sont supposés faire un bilan de compétences.  Curieusement, on n’en trouve pas les données. Impossible donc d’avoir des informations de ce côté là.

La demande d’Inès arrive aux associations d’aide aux réfugiés. Elles connaissent bien leur public et vont l’aiguiller vers les personnes qui ont exercé des métiers artisanaux dans leur pays d’origine.

Les savoir-faire recherchés sont l’ébénisterie, la céramique, la broderie ainsi que le travail du métal et du cuir, pratiqués par aussi bien par des hommes que par des femmes.

Les critères sont précis pour garantir la viabilité du projet :

la maitrise du savoir-faire, avoir conservé la passion de son métier pour pouvoir dépasser les embuches qui vont à coup sûr se présenter sur le parcours et être dans une situation relativement stable (pour avoir l’énergie disponible de s’engager dans ce projet).

La rencontre avec Yasir, céramiste, venu du Soudan, a été déterminante car il est le premier artisan à s’être engagé dans la fabrique nomade. Ses 25 années d’expérience professionnelle dans son propre atelier de poterie ne lui étaient d’aucune utilité sur le chantier de réinsertion où il avait été placé.

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Crédit photo : la Fabrique Nomade

Laisser l’humanisme s’exprimer, à contre-courant des habitudes humanitaires.

Communément en France on oriente les migrants vers les secteurs sous tension que sont le bâtiment, la restauration ou le nettoyage. A croire que leur entrée en France est uniquement conditionnée par nos besoins en l’occurrence pour occuper des emplois laissés vacants car à forte pénibilité et sous-payés.

Laissant de côté ces habitudes, la Fabrique Nomade va s’intéresser à ce qu’ils ont fait avant.

Plutôt que de les balloter d’un emploi à un autre, ce projet vise, à encourager une autre voie, plus humaine qui permet à ces personnes de reprendre leur vie en main à partir de leur histoire personnelle.

Au-delà des idées reçues, notamment celles que véhiculent certains médias, il semble important de montrer que les migrations apportent aussi du dynamisme économique.

Le partage de compétences et les apports réciproques sont également bien réels car les artisans de tout pays savent se réunir autour de valeurs universelles des savoir-faire manuels.

La Fabrique Nomade : un nom au service du sens du projet.

Nomade, parce que ce projet concerne des personnes qui en quittant leur pays, ont emporté leurs savoir-faire avec eux. Cet esprit de mobilité est aussi présent parce que les ateliers où ils vont exercer en France se trouvent dans plusieurs lieux. Nomade signifie aussi aller dans d’autres espaces à la rencontre de nouvelles personnes.

Une revalorisation qui facilite l’intégration et qui conduit vers l’autonomie.

Aujourd’hui Yasir est à même d’animer des ateliers pour transmettre son artisanat.

Ainsi il change de posture, il devient celui qui donne et non plus celui qui reçoit et est en capacité de tisser du lien social.

Il est rémunéré pour ces animations et dans le futur il pourra être salarié de l’association.
Une collection pilote regroupant des objets créés par plusieurs artisans pourra être réalisée.

La fabrique nomade s’occupera de la distribution dans des points de vente.

Une production « fait-main » qui aura la trace de leurs créateurs et représentera les intentions solidaires que les êtres humains savent s’apporter.

L’idée est qu’au fil du temps Yasir et ses compagnons de route prennent leur envol en douceur vers leur propre structure.

Pour en savoir plus : http://lafabriquenomade.com

Vous pouvez retrouver l’article sur Pressenza : http://www.pressenza.com/fr/2016/09/fabrique-nomade-valorisation-savoir-faire-artisans-migrants/

Le retour du bleu de travail dans les collections de mode : phénomène de mode lié à une recherche d’authenticité ou hommage aux ouvriers des manufactures ?

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Crédit photo : nypl.digitalcollections

Dans les collections récentes et à venir, les vêtements inspirés du « bleu de travail » se taillent une jolie place au sein des marques de mode.

Curieuse de l’histoire de marques anciennes comme récentes, ce « fait de mode » m’a d’autant plus interpellé qu’il est récurrent même si c’est à intervalles non réguliers.

Il suscite donc quelques commentaires et je vous livre les miens, espérant en retour, vos remarques.

 

Le bleu de travail est né à la fin du 19ème siècle avec l’essor industriel.

C’est un vêtement professionnel pratique, économique et résistant pour assurer la protection et la sécurité des ouvriers. Il indique aussi, tel un uniforme, l’appartenance de celui qui le porte au monde ouvrier. Sa couleur, le bleu de Prusse, peu salissante et au coût de production peu élevé était déjà utilisée pour d’autres métiers manuels pour les marins, les facteurs et militaires.

Au même moment le blue-jean sous forme de salopette apparaît aux États-Unis comme étant la tenue des ouvriers américains.

Lors des manifestations de mai 1968 les étudiants ont adopté le bleu de travail en solidarité avec les ouvriers.

 

Aujourd’hui on retrouve des vêtements, inspirés des salopettes, pantalons et combinaisons de peintres, vestes de charpentier et vestes de comptoir, bleus de chauffe, gilets de serveurs, avec une esthétique qui bien que modernisée reste fidèle aux originaux en conservant les poches pour porter les outils.

Quelques marques iconiques dans le secteur résistent comme Adolphe Lafont (1844), Bragard (1933), Duthilleul et Minart (1859) ou Vetra (1927) mais adaptation au marché oblige elles parlent plus de vêtements d’images que de bleu de travail.

 

Certains créateurs, comme Marithé et François Girbaud[1], se sont emparé du jean, l’ont transformé en lui donnant un aspect usé et en ont fait un vêtement du quotidien.

 

Plus récemment Sakina M’Sa[2], créatrice de mode, très impliqué dans le développement durable, recycle le bleu de travail et le détourne pour créer de nouvelles pièces avec l’intention clairement annoncée de faire passer les travailleurs de l’ombre du coté de la lumière.

 

Bleu de Paname, marque pour homme de fabrication française lancée en 2009 écrit sur son site : « un vêtement de travailleur « updaté » pour accompagner le labeur et la détente d’une nouvelle génération d’urbains, aux talents et modes de vie multiples ». Les deux fondateurs se sont inspirés des vêtements de travail qu’ils ont vu portés, durant leur enfance, par des membres de leurs familles.

 

Arpenteur, autre marque française créée en 2011, qui s’inspire de vêtements de l’époque comprise entre 1920 et 1950, a quant à elle mis le bleu de travail dans ses basiques.

 

Anne Monjaret, directrice de recherche au CNRS lors d’une conférence « La vie en bleu : expression de l’identité ouvrière »[3] se demande  « Que nous reste-t-il des bleus de travail ? »

 

Alors phénomène de mode lié à un besoin d’authenticité ou hommage aux ouvriers des manufactures ?

Sans doute un peu des deux car la mode est souvent liée à des faits sociaux.

La définition littéraire du mot « mode » du dictionnaire Le Petit Larousse dit que c’est une manière de vivre, de se comporter, propre à une époque, à un pays.

Si une personne porte une veste type bleu de travail, même si celle-ci est revisitée, elle veut probablement faire passer un message même s’il n’est pas toujours conscient.

 

Il y a indéniablement une tendance affirmée au casual pour allier décontraction et confort, et une volonté de revenir à une production française.

Un peu de « branchitude », probablement et espérons-le, une intention de revaloriser les métiers manuels qui aujourd’hui font cruellement défaut.

Je crois aussi à une petite part de nostalgie de la part des jeunes créateurs même s’ils s’en défendent.

Et comme les tissus utilisés sont très solides, que leur durée de vie est longue et qu’ils restent beaux en vieillissant les bleus de travail seront là dans le futur, recyclés et prêts pour de nouveaux usages.

Marie-Laurence Sapin

[1] Teaser de l’exposition « L’autre jean » de Marithé et François Girbaud – Saint Etienne octobre 2012 à mai 2013 : https://vimeo.com/57137910

[2] Sakina M’Sa et la blue line : http://www.sakinamsa.com/blue-line/

 

[3] Pour écouter le podcast de la conférence : http://www.ifm-paris.com/fr/ifm/mode-luxe-design/conferences-publiques/podcasts.html?start=10

 

Pousser la porte des ateliers et des manufactures et devenez le témoin privilégié des savoir-faire d’hier et de demain.

Cité de la dentelle - Calais

Cité de la dentelle – Calais

 

La période estivale et les vacances qui y sont souvent associées sont l’occasion de ralentir le rythme.

Pour agrémenter cette parenthèse et sortir des sentiers battus, pourquoi ne pas partir à la recherche des trésors du patrimoine vivant français ?

Savourer avec gourmandise les spécialités culinaires du lieu qui nous accueille mais également découvrir les savoir-faire d’une région ainsi les hommes et les femmes qui les exercent.

 

Observer les gestes, apprendre des matières, comprendre les étapes des processus de fabrication, la visite d’ateliers, laboratoires et autres lieux de fabrication, selon votre choix, vous transporteront dans des univers où le temps est suspendu et où vos sens seront en éveil.

Sentir le lien de l’artisan avec la matière qu’il travaille ou celui de l’opérateur avec la machine qu’il actionne et qu’il « bichonne » vous donneront la dimension de leur engagement.

Et même s’ils ne révèlent jamais tous les secrets de fabrication qui font leur spécificité ou que le processus créatif reste un mystère, ces rencontres et les échanges vous nourriront différemment.

Deux sites spécialisés dans l’organisation de visites pourront vous guider votre sélection avec des possibilités de recherches par centre d’intérêt ou situation géographique.

https://wesavoirfaire.com

Explorer le Made In France des parapluies de Cherbourg au Musée de l’Impression sur Étoffe. Un large choix pour le textile et la mode mais aussi pour la décoration, la nature, l’art culinaire, les loisirs et même l’énergie. Des propositions d’itinéraires et un magazine en ligne avec articles et reportages vidéo.

http://www.entrepriseetdecouverte.fr

Élargir l’offre culturelle avec le tourisme industriel. Alimentaire, vin et spiritueux , artisanat, environnement et énergie, mode et cosmétique et industries technologiques vous trouverez sur le site la présentation des entreprises qui ouvrent leurs portes. Il y a aussi la possibilité de bénéficier de visites sur mesure de sites habituellement fermés.

Pour compléter, les ateliers d’art de France propose un répertoire des ateliers et associations :

https://www.ateliersdart.com

Et l’institut national des métiers d’art ont établi une carte des métiers d’art en région

http://www.institut-metiersdart.org

Les syndicats d’initiative et la presse papier sont aussi de précieuses sources d’information pour cette période estivale.

 

 

 

Design for peace : un projet pilote de création solidaire

Crédit photo : Design for peace

Crédit photo : Design for peace

Design for peace est avant tout un projet qui a du sens car il porte les valeurs de solidarité et d’humanité.

L’association Africa Tiss qui en est à l’origine se préoccupe de nécessités humaines, où qu’elles se trouvent sur la planète et dans ce cas celles de réfugiés maliens en exil forcé au Burkina Faso.

 

Pour ces hommes et ces femmes dont les conditions de vie restent fragiles et incertaines, pouvoir être de nouveau en capacité de répondre à leurs besoins est essentiel. Leurs métiers et savoir-faire sont des points d’appui qui vont leur permettre d’accéder de nouveau à l’autonomie à laquelle tout humain a droit pour se sentir faire partie de ce monde, y prendre sa place et y faire son apport.

Pouvoir acheter les matières premières nécessaires à l’exercice de leur artisanat est un premier pas, le suivant est de distribuer pour vendre et de préférence sur le marché international.

Cela implique que les produits soient avec un design et une qualité acceptés par ce marché, ce qui constitue un vrai défi mais aussi une garantie de pérennité.

 

Design for peace est aussi l’histoire d’une rencontre. Celle de dix-sept artisans Touaregs détenteurs de savoir-faire traditionnels et variés et de 6 designers français formés dans les grandes écoles d’art et de design.

Les premiers travaillent le cuir, le bois, la vannerie, le métal ou encore la laine et ont été choisis pour leurs talents et compétences.

Les seconds, créateurs dans différents domaines ont répondu à l’appel avec leur book personnel mais aussi avec des propositions sur la base de deux proverbes Touaregs « les gestes, sont les tambours d’eau de la parole » et « que celui qui réside fasse en sorte que celui qui passe se souvienne ». Un début de réflexion et une immersion anticipée dans l’univers que leur réservera une fois sélectionnés, la résidence artistique de 7 semaines au Burkina Faso à laquelle ils sont invités.

 

La collection « Transhumance » issue de cette collaboration reflète le mélange des univers et cultures de leurs créateurs, dans laquelle la tradition est respectée mais aussi réinventée se jouant de l’utilisation de la matière et la détournant, modifiant parfois les usages et destinations des objets.

En regardant les créations, qui ont surgi de cet échange inédit, on imagine l’effervescence, le désordre joyeux, les gestes partagés, les tentatives, et probablement les errements pour enfin se comprendre et que la rencontre se produise, une rencontre technique et artistique mais aussi humaine.

Les pièces sont le résultat des interrogations et de la recherche commune, comme la volonté de mettre en valeur les objets du quotidien lesquels, pour les peuples nomades, sont petits pour être transportables.

Elles sont aussi le témoignage de l’intérêt et du respect que les participants au projet se sont mutuellement portés.

Devenus nomades à leur tour, les objets de décoration et les accessoires de mode embelliront délicatement nos vies en y semant un peu de l’esprit de la transhumance saharienne.

La collection est accueillie à la galerie Made in Town à Paris jusqu’au 23 juillet et à l’Institut français de Ouagadougou du 04 juin au 23 juillet.

Pour accompagner soutenir Design for peace rendez-vous  sur kisskissbankbank : https://www.kisskissbankbank.com/design-for-peace-co-creation-et-design-solidaire?ref=category.

Encore plus d’infos sur le site du projet :  http://designforpeace.org

Et sur celui d’Afrika tiss, le fil solidaire : http://www.afrikatiss.org

Préserver des savoir-faire c’est aussi conserver des emplois 

 

Crédit photo : Bernard Jaillet

Crédit photo : Bernard Jaillet

De nombreux savoir-faire sont exercés dans les métiers de la mode. Certains sont connus par le biais des métiers d’art, d’autres sont plus invisibles, mais bien réels et présents, dans les ateliers des usines. Tous participent à l’identité de la région où ils sont implantés.                                                                                                         

Un savoir-faire qui disparaît c’est une technique qui se perd, mais ce sont aussi des personnes qui sont privées de leur emploi.                                                                                                                                                                                                

Les logiques économiques implacables menacent souvent ces métiers et ceux qui les exercent parce que le temps d’apprentissage est long, mais aussi, parce que celui de la fabrication dans lequel intervient la main de l’homme a un coût.

Quelles sont les pistes pour conserver ce patrimoine humain ?

Les labels et titres métiers

Ils donnent de la visibilité à l’entreprise et ses produits et participent à sa renommée notamment à l’export.

Le label EPV – entreprises du patrimoine vivant – par exemple se positionne clairement comme étant l’ambassadeur de l’excellence du « made in France ». Les maîtres d’art, les meilleurs ouvriers de France sont les garants de savoir faire et de leur maintien .                                                                                                                                                                                                                   Ceux qui certifient l’origine d’une région comme France Terre Textile (Vosges, Alsace, Nord, et Rhône-Alpes Auvergne) revendiquent une production en France, donc des emplois.

Tous attestent de la reconnaissance d’une qualité et d’un savoir-faire qui peuvent déclencher un achat responsable de la part du « consom’acteur ».

Prêter attention aux archives et au patrimoine historique des entreprises

Mettre à l’abri et organiser les archives d’une entreprise et écrire son histoire participent à la préservation des savoir-faire. Ordonner les documents d’archives mais aussi le parc des machines et des outils, conserver les brevets, écrire les procédés de fabrication sont des éléments qui font partie de la valeur marchande en cas de cession et de transmission de l’entreprise.

Une entreprise qui perdure dans le temps maintient des emplois.

L’engagement des entreprises

Certains grands groupes poussés par la nécessité et parce qu’ils ont besoin de sécuriser leurs approvisionnements ont racheté des entreprises aux savoir-faire précieux. D’autres entreprises plus petites rachètent des machines, récréer de l’activité et embauchent.

Soutenir la formation/apprentissage

Eviter la fermeture d’entreprises et la perte de savoir-faire rares par manque de relève est un risque bien réel.  Les métiers de la main ont souffert d’un manque de reconnaissance pendant de nombreuses années. Cette tendance commence à s’inverser en raison des possibilités d’emplois que cela laisse entrevoir. Un engouement commence de se faire sentir chez les jeunes qui sont en recherche de sens et de passion pour leur activité professionnelle.

La mise en place de formations ayant la même valeur que les cursus classiques – littéraires ou scientifiques – serait indéniablement un plus. Citons l’exemple de l’Angleterre avec l’école « Plymouth  school of creative arts » qui est déjà engagée dans ce chemin.

Créer de l’activité et donc de l’emploi à partir des savoir-faire, motive bon nombre d’associations d’insertion.

L’action des fédérations, unions et syndicats, institutions, etc… qui accompagnent les métiers sont aussi des facteurs importants pour soutenir les acteurs du secteur.