Crédit Photo Laurence Aguerre
Laurence Aguerre est une artiste qui façonne le textile avec adresse et le transforme tout en finesse en fleurs aériennes et gracieuses. Même si les techniques sont exigeantes, elle aime explorer les infinies possibilités qu’elles lui offrent.
L’histoire
Son lien avec le textile date de son enfance passée dans un village assez isolé. À l’école le samedi matin, la mère d’une élève, couturière, lui apprend la broderie et le crochet. À la maison, c’est son père qui l’initie au tricot. Ces travaux d’aiguille la passionnent immédiatement et le maniement des fils et des tissus s’installe durablement dans sa vie.
C’est encore vrai plus tard, lorsque des études commerciales tout à fait conventionnelles la conduisent chez Marithé et François Girbaud, une marque connue pour avoir révolutionné le jean dans les années 1980.
Si elle y est responsable de l’administration des ventes, elle est néanmoins baignée dans l’univers foisonnant de deux amoureux des matières et des techniques innovantes[1].
Au départ, un peu brusque de cette maison, elle s’interroge : « quelle est ma priorité ? »
Le virage
Le textile s’impose naturellement comme le fil conducteur de la marque de bijoux qu’elle crée. Même si c’est une réussite, elle l’abandonne assez vite se sentant limitée par les contraintes techniques inhérentes à l’exercice.
Suite à son admission, ardemment souhaitée, à l’École supérieure des arts appliqués Duperré[2], elle entreprend l’apprentissage des techniques textiles, puis en seconde année elle choisit de travailler sur le thème du jardin. Ainsi naissent les premières fleurs.
Celles-ci remportent un tel succès auprès des membres du jury lors de la présentation de projet de fin de formation qu’elles sont exposées au salon « l’aiguille en fête »[3].
Depuis lors, cette matière textile, qu’elle a eu sous la main enfant et qui la suivait partout « parce qu’il ne fallait pas grand-chose », l’emmène sans cesse sur de nouveaux chemins.
Acquérir puis conserver des tissus et des fils pour un projet qui les mérite est une petite manie qui lui ouvre des champs d’expérimentation.
L’alchimie
Laurence Aguerre ne dessine pas ses fleurs avant de les réaliser. L’idée nichée dans sa tête est retranscrite directement dans l’ouvrage avec la liberté de se laisser guider par l’esthétique produite. Parfois quelque chose qu’elle estime imparfait voire raté donnera naissance à un autre projet.
Le toucher, la couleur, la technicité du tissu et la sensation tactile qu’il produit nourrissent son imagination.
C’est le subtil assemblage d’une idée, d’une technique et d’une ou de plusieurs matières qui feront une pièce réussie.
La nature et ses fleurs sont une source d’inspiration même si dans son travail elle ne cherche pas à les reproduire. C’est le regard qu’elle pose sur les végétaux qui va les sublimer.
Parfois un fil magnifique va donner naissance à une fleur, parfois c’est une technique qui va guider l’ouvrage et inviter à progresser.
« II faut prendre le temps de tester les matières et savoir observer où elles mènent » précise-t-elle.
Tisser, tresser, crocheter, enrober, teindre, faire de la dentelle sont autant de techniques au service de la création.
Certaines empruntées à un autre secteur de l’artisanat comme la vannerie s’avèrent intéressantes car elles permettent de mettre en volume.
Le reflet
Son travail est le reflet de sa sensibilité.
Elle a une vraie volonté de mettre de la douceur dans ses créations, celle que l’on ne retrouve pas dans le monde réel et il lui arrive de penser à l’émotion que susciteront ses fleurs chez ceux qui les contemplent.
Elle reconnaît vouloir transmettre, quelque chose qui apaise et permette de se ressourcer comme on le ferait en se promenant dans la campagne.
Lorsque ses fleurs dansent au moindre souffle d’air, cela génère une atmosphère un peu magique de calme et de tranquillité. Elles deviennent comme dans la nature, légères et en mouvement.
L’idée de la légèreté est un point qui reste constant dans son processus créatif, même si les couleurs, parfois plus soutenues, apportent de la gaité.
L’avenir
Hier, si elle n’avait pas le temps de broder elle avait l’impression d’avoir raté sa journée.
Aujourd’hui, ce besoin de faire est un accomplissement qui a donné une toute nouvelle dimension à sa vie et elle considère très noble de s’épanouir dans un métier manuel.
La création lui a révélé une richesse non exploitée, sagement niché dans un coin de son être et a mis en lumière des ressources insoupçonnées.
Demain, les champs d’investigations qu’elle compte bien emprunter sont infinis et lui ouvriront sans aucun doute de nouvelles
portes.
Les sculptures textiles de Laurence Aguerre seront exposées :
« Le Paris des Talents » – Hôtel de Ville de Paris – 22 Novembre -31 Décembre 2016
(exposition collective à l’occasion des 10 ans des Ateliers de Paris)
« Le Carrousel des Métiers d’Art » – Stand des Ateliers de Paris – Paris Carrousel du Louvre – 1er au 4 Décembre 2016
Vous pouvez aussi vous rendre sur le site : http://www. laurenceaguerre.paris
[1] Marithé et François Girbaud ont été les premiers à utiliser découpe laser et les soudures à ultrason.
[2] L’école Duperré est l’un établissement public pour les métiers du design, de la mode et de la création : http://duperre.org
[3] L’aiguille en fête est un salon annuel dédié au DIY et destiné aux passionnés du fil et de l’aiguille : http://www.aiguille-en-fete.paris/fr/accueil/