Le musée de l’éventail en quête d’un nouveau lieu

thumb_IMG_2107_1024Juste avant la fermeture des portes du musée de l’éventail et espérons le, sa réouverture prochaine, nous avons rencontré Anne Hoguet, qui représente la quatrième génération d’une famille qui perpétue l‘art de la fabrication d’éventails. 

L’histoire de cette entreprise familiale remonte à la fin du 19ème siècle et a pour cadre la commune de Sainte Geneviève dans l’Oise. Joseph Hoguet ouvre un atelier de montures d’éventails. C’est ce que l’on appelle la tabletterie.

Lui succèdera son fils Marius lui-même suivi de son fils Hervé, le père d’Anne Hoguet.

En 1960, ce dernier rachète – avec l’objectif d’avoir l’activité complète – une entreprise qui fabrique la feuille, laquelle habille la monture de l’éventail. Celle-ci s’installera 2 boulevard de Strasbourg dans le 10ème arrondissement de Paris et y restera jusqu’à aujourd’hui.

Le lieu, unique en son genre, est le dernier qui abrite un des métiers rappelant le Paris de la Belle Epoque et ses music-halls. Il fut un temps où toutes les activités liées au théâtre et à la mode étaient dans ce quartier. Il était fréquent d’y croiser des éventaillistes, mais aussi des perruquiers, des plumassiers, les chapeliers.

Le musée est ouvert en 1993, pour protéger l’activité menacée de disparition, l’éventail, paravent de la pudeur, étant devenu désuet. Une de ses salles est classée monument historique gage du sérieux de cette préservation. Cela implique pour son déménagement, même si pour le moment le nouveau lieu reste inconnu, de démonter et mettre à l’abri les meubles, les boiseries, les tentures murales au décor de fleurs de lys.

La particularité est d’avoir dans le même lieu le musée et l’atelier. Le musée abrite les archives produits, les dessins, les outils et toute l’histoire de l’entreprise. L’atelier répond à des commandes de restauration et de création pour les maisons de haute couture, l’opéra, le théâtre et le cinéma.

La tabletterie reste produite dans les ateliers de l’Oise jusqu’à leur fermeture en 1994 en raison des machines outils qui prenaient de la place, étaient bruyantes et produisaient de la poussière.

Les matières employées pour les montures sont extrêmement variées comme les différentes nacres, la burgau, l’écaille de tortue, l’os, la corne et les bois précieux.  Le travail consistait à façonner cette matière pour produire la forme, la sculpter, l‘ajourer ou encore y incruster de l’or.

Pour l’habillage on utilise des tissus comme la soie, l’organza, le dentelle et bien sûr la plume. La peau est aussi employée tout comme le papier même si celui-ci donne un résultat plus commun.

Restaurer ou produire un éventail nécessite quelques qualités et aptitudes comme la patience et la minutie. Les mains doivent être habilles et le geste adroit pour respecter la matière. Il est préférable d’avoir fait une école d’art appliqué pour apprendre et comprendre la matière mais aussi le dessin pour être en capacité de réaliser une esquisse précise et réaliste d’un projet.

Pour notre hôtesse, dernière maîtresse des lieux, la question de la vocation ne s’est pas vraiment posée. Lorsqu’elle a eu 14 ans, Anne Hoguet a tout simplement été emmenée dans l’histoire familiale et a fort heureusement a développé le goût pour le métier et la création. Au décès de son père, elle choisit d’assumer la responsabilité de perpétuer ce métier rare.

Ses nombreuses connaissances ont été récompensées par sa nomination en 1994 en tant que Maître d’Art par le Ministère de la Culture et son entreprise reçoit en 2006 le label Entreprise du Patrimoine Vivant.

Aujourd’hui, elle a toujours le souhait de faire perdurer l’activité avec une réouverture dans un lieu où elle pourrait se dédier à son art d’éventailliste et à transmettre son savoir-faire. Tout en étant dans un même lieu pour maintenir le lien entre l’activité et son histoire qui existe de fait, le musée pourrait être délégué en vue de se développer à la hauteur du trésor qu’il détient.

Vous vous en doutez, le moment qu’elle vit est à l’image de ses éventails, délicat.

Aussi, si vous souhaitez lui faire un parvenir un mot d’encouragement, je me ferais le messager pour  lui communiquer une compilation de vos soutiens.

Marie-Laurence Sapin – mlsapin.fr – marielaurencesapin@gmail.com

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